Quatre années après la publication du dernier carnet de Joann Sfar, l’auteur-illustrateur sort son quatorzième carnet, Comment maigrir, et propose au lecteur de se replonger dans ses pensées. Son concept : écrire et dessiner sur la vie quotidienne par le prisme de sujets aussi divers que variés. Le nouveau titre de la série intervient après une période particulière que nous avons tous connue : le confinement. Au fil des pages, on redécouvre avec sensibilité et humour noir cette époque trouble de deux ans que nous avons traversée et l’auteur soulève des questionnements et angoisses que chacun et chacune a pu vivre. Joann Sfar porte un récit personnel et questionne son métier au sein de la société, son évolution et surtout il interroge l'être humain post-pandémie. Un carnet résolument tourné vers la pratique du croquis qui fait autant de bien qu’il ravive les blessures passées en retraçant, en partie, les événements de 2020 et 2021.
Pour ce qui est d’Héliotrope, il laisse son confrère Benjamin Chaud aux commandes et c’est lui qui donne vie aux personnages que Sfar a inventés. Quel plaisir de retrouver ce duo dans cette bande dessinée originale ! Privée de parents dès son plus jeune âge, notre chère héroïne est élevée par sa grand-mère, irascible et têtue. Héritière d’une famille de cambrioleurs et véritable casse-cou, elle se met en tête d’organiser le plus grand casse du monde en allant voler le bleu héliotrope. Toutefois, la jeune fille comprendra, à ses dépens, que la curiosité peut être un vilain défaut lorsque, finalement, la couleur de sa peau devient bleue de la tête aux pieds. Amitié, amour et aventure survitaminée rythment cette nouvelle série à la fois inspirante et audacieuse. Outre les belles illustrations de Benjamin Chaud, Joann Sfar tente de questionner ce qui fait le sel de l’adolescence en abordant des thèmes comme le genre, le consentement et l’amour qui marquent aujourd’hui notre société.
Au travers de deux ouvrages très différents, Joann Sfar nous prouve qu’il a autant de cordes à son arc que de crayons dans sa trousse. D’un côté, un récit de vie au dessin spontané et critique ; de l’autre, une fiction jeunesse, en duo, complètement déjantée. L’auteur révèle encore une fois un tour de force en sortant de deux titres diamétralement opposés et pourtant complémentaires. Joann Sfar n’en est plus à son coup d’essai et pourtant il réussit de nouveau à nous surprendre, pour le plus grand plaisir des lecteurs.