La première (belle) surprise du catalogue de 404 comics vient de Norvège avec Dunce de Jensk. On suit les facéties d’un papa qui s’occupe de son fils et de leur chien dissipé, parmi une galerie de personnages éclectiques, touchants et charismatiques. Le récit aux contours auto-fictifs est l’occasion pour l’auteur de donner une grille de lecture de la société norvégienne et de son époque. Ainsi, le personnage principal au bonnet bien vissé sur la tête condamnera le cynisme du tout-technologie dans lequel s’engouffre une société avide d'applications et de start-up. Le tout est rythmé par des strips de quelques cases qui rendent la lecture drôle, dynamique et enthousiasmante. Il n’est pas facile de s’inscrire dans le sillon d’un Waterson, Schulz ou encore Quino. Or, on trouve ici tous les jalons d’un chouette renouveau du genre.

La deuxième (étonnante) surprise est Big Girls de Jason Howard. Dans un monde frappé par une maladie particulière, les nouveau-nés se transforment en géants monstrueux. Les seules qui puissent les arrêter dans leur folie destructrice, ce sont leur pendant féminin qui, elles, restent humaines : les big girls. Ce récit dystopique en un volume pointe du doigt aussi bien les dérives de l’urbanisation massive que celles de la société patriarcale. Il fait aussi référence aux Kaijus japonais, dont le plus connu n’est autre que Godzilla. Ainsi, avec ces deux premières sorties, 404 comics réussit le tour de force de faire du neuf avec de l’ancien. La jeune maison d’édition apporte des récits frais et vivifiants dans un secteur parfois un peu trop ancré dans ses certitudes. Il ne leur reste plus qu’à donner toute leur place aux autrices et on parlera alors d’une (très) grande maison d’édition. Rendez-vous est pris !