Littérature française

Frédéric Beigbeder

Oona & Salinger

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photo libraire

Chronique de Stéphanie Banon

Librairie Charlemagne (La Seyne-sur-Mer)

En fan absolu de J. D. Salinger, Frédéric Beigbeder raconte dans ce nouveau roman l’histoire méconnue du premier amour de l’auteur de L’Attrape-cœurs avec Oona O’Neill, plus connue sous le nom de madame Chaplin.

C’est la première fois que je lis un roman de Beigbeder. Aurais-je dû commencer par celui-ci ou un autre ? Je ne sais pas… Ce qui est sûr, c’est que ce texte m’a touchée. En retraçant l’histoire d’un amour qui le fascine depuis tant d’années, Frédéric Beigbeder parle aussi de lui, de sa peur de vieillir et, en même temps, des liens étroits qu’il entretient avec le passé. Retournons donc en 1940. Salinger est un jeune écrivain qui n’a pas encore été publié. Dans un célèbre club new-yorkais, il rencontre la hit-girl du moment, Oona O’Neill, alors âgée de 15 ans et fille du plus grand dramaturge américain. Leur idylle durera quelques mois, jusqu’au moment où Jerry Salinger est incorporée à l’armée américaine. Pourtant, même si leur histoire s’achève à ce moment-là, l’écrivain continuera pendant des années à aimer Oona. Tandis que Salinger sert sous les drapeaux, Oona épouse Charlie Chaplin avec qui elle vivra la grande histoire d’amour que l’on connaît et dont naîtront huit enfants. Au fil des pages et à la lumière de ce qu’ils ont vécu, le voile sur ces deux personnages se lève légèrement. Oona était une jeune fille perdue, abîmée par l’absence de son père, qui a fini par trouver dans les bras de Chaplin la sécurité qu’elle avait toujours cherchée. De son côté, Salinger, qui n’oublia jamais Oona et dont la figure apparaît dans beaucoup de ses textes, était un homme brisé par la guerre qui achèvera sa vie isolé au fond d’une forêt. Frédéric Beigbeder sait transmettre sa fascination pour ces personnages et cette histoire d’amour. Mais au-delà du récit de cette passion interrompue, il y a un vrai plaisir à côtoyer des auteurs comme Truman Capote ou Ernest Hemingway. En outre, la réussite du roman réside dans le fait que Frédéric Beigbeder réussit à restituer toute l’horreur de la Seconde Guerre mondiale.