Littérature étrangère

Rosa Montero

L’Idée ridicule de ne plus jamais te revoir

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Chronique de Isabelle Theillet

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Sollicitée pour préfacer le journal de Marie Curie, Rosa Montero découvre un texte qui fait écho à son propre deuil. Tout en dressant un beau portrait de la chercheuse, elle nous ouvre les portes de son travail d’écrivain.

Je n’ai lu aucun roman de Rosa Montero, mais en lisant L’Idée ridicule de ne plus jamais te revoir, j’ai eu le sentiment de retrouver une vieille copine, celle que j’avais déjà rencontrée lors de la lecture de son récit La Folle du logis, paru en 2004 (Métailié). Dans les deux cas, il s’agit du même type de texte hybride, attachant, sincère, donnant à voir la cuisine interne de l’écrivain. Alors que Rosa Montero vient de perdre son mari et qu’elle peine sur un récit relatif à la jungle, une éditrice lui demande de préfacer l’édition du journal de Marie Curie. Cette dernière y révèle la douleur de la perte de Pierre, son époux bien aimé, disparu brutalement à l’âge de 47 ans, écrasé par une voiture à cheval. Rosa Montero s’empare de ce récit de vie, non seulement parce qu’il parle de deuil, mais aussi parce qu’elle se montre fascinée par cette femme exceptionnelle. Sans tomber dans la biographie classique, elle dresse un portrait très original de cette chercheuse qui sourit si peu sur les photos, une des premières femmes scientifiques récompensée par un Nobel – mais à quel prix ! Autre chose qui n’a pas manqué de m’étonner et que je tiens à signaler : page 18, je vois apparaître le sigle # devant « Mots », puis devant « Légèreté ». Je crois à une coquille d’impression, mais je retrouve ce petit caractère à divers endroits, jusqu’à ce que je découvre un index des Hashtags dressé par l’auteure à la fin de l’ouvrage. Par exemple #CulpabilitéDeLaFemme, #FaiblesseDesHommes ou #HonorerSesParents. Surprenante Rosa Montero, qui vous donne envie de lire et de relire son texte tant il fourmille d’anecdotes de vie, d’humanité, d’authenticité et de culture littéraire. #UnSuperbeCadeau, à la fois personnel et universel, où chacun reconnaîtra la force de la littérature.

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