Littérature étrangère

Eka Kurniawan

Les Belles de Halimunda

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photo libraire

Chronique de Lucie Sawina

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Eka Kurniawan relate dans un style tragi-comique l’épopée des Belles de Halimunda frappées d’une malédiction depuis des décennies. Après L’Homme-Tigre, Sabine Wespieser publie en cette rentrée le premier roman de l’auteur indonésien.

Deuxième sélection du Prix Médicis 2017

 

Dans la ville imaginaire de Halimunda, Dewi Ayu, la plus célèbre prostituée de la ville, se relève de sa tombe. Dewi se souvient avoir donné, il y a plus de vingt ans, naissance à sa quatrième fille, fille qu’elle n’a même pas daigné regarder, persuadée que, comme les trois autres, celle-ci serait d’une beauté à couper le souffle. Car voyez-vous, Dewi ne donne naissance qu’à des filles, des filles à la beauté renversante, c’est sa malédiction, celle de ses filles, de sa famille et même de la région à qui tous les malheurs arrivent. Alors, après la naissance de la dernière, Dewi a décidé de se laisser mourir. Mais voilà qu’elle revient. Et, soulagement, elle découvre que sa dernière fille est laide, laide à faire peur. Dewi a donc été entendue, son souhait a été exaucé. Mais pourquoi donc est-elle revenue d’entre les morts ? Et qui est ce mystérieux visiteur nocturne qui chaque soir rend visite à sa fille ? En se plongeant dans le passé de sa famille, de son pays, des drames et des intrigues qui s’y sont déroulés, la vérité sur cette affaire verra le jour. Dans ce roman-monde où se mêlent habilement histoire pure et humour parfaitement dosé et plein d’esprit, Eka Kurniawan nous fait découvrir la vie extraordinaire de ses personnages hauts en couleurs, mais aussi les grands changements, les grandes tragédies qu’a connus son pays, l’Indonésie. On est ballotté entre l’amour, la mort, la poésie pure et la violence la plus totale. Avec une écriture d’une rare puissance, Eka Kurniawan nous fait vivre un réel moment littéraire, comme suspendu dans le temps, dont on ressort essoufflé, mélancolique mais heureux. Les Belles de Halimunda est sans doute une de mes plus belles lectures, un roman que je n’oublierai pas.