Sans y penser, nous foulons le sol aux pieds, symbole de pesanteur et d’immuabilité, de froideur et de dureté, ce royaume des êtres qui se tortillent et se cachent ! Le sol est mal aimé et déprécié. Changeons le regard que nous portons sur lui !

Il est grand temps que le sol, support indispensable à la vie, soit réenchanté : c’est le but de ces deux ouvrages que sont L’Origine du monde, de Marc-André Selosse, et Dans un carré de terre, de Samuel Rebulard. L’enseignant-agronome et le biologiste nous invitent à observer, fidèles à leur démarche scientifique, à expérimenter. Mais aussi à ressentir, à marcher pieds nus. Observer à la loupe, mesurer, peser ou plus simplement rêver à la fenêtre devant la valse lente des saisons sont les premiers actes qui, tout en suscitant l’intérêt, conduiront à la prise de conscience de notre véritable univers, puis à sa compréhension et enfin à la volonté de protéger les milieux naturels. Car l’urgence est là. L’état des sols est alarmant : la surexploitation, le lessivage, l’artificialisation malmènent les fondations de nos constructions sociétales car l’équilibre nourricier est fragile. La terre nourricière, c’est d’abord le sol, un système symbiotique aux processus chimiques et biologiques complexes. Sans vie microbienne et fongique, pas d’humus, pas de germination, pas de photosynthèse et pas de vie tout court. Le spectacle du vent dans les graminées ou le cheminement lent d’une coccinelle doivent prendre leur place dans les programmes scolaires, au même titre que la compréhension des grands cycles qui, à travers la photosynthèse, régissent les lois du sol, de l’eau et du carbone. Pour comprendre et protéger, il faut aimer. Pour aimer, il faut éprouver une curiosité, signe d’un intérêt. L’Origine du monde et Dans un carré de terre sont deux ouvrages de vulgarisation scientifique qui s’emploient avec succès à la réalisation de cet objectif. Reconnaissons-les d’utilité publique !