Littérature étrangère

Jón Kalman Stefánsson

À la mesure de l'univers

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photo libraire

Chronique de Léopoldine Raynal

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Avec À la mesure de l’univers, suite de D’ailleurs, les poissons n’ont pas de pieds (Folio), Jón Kalman Stefánsson continue à dresser le portrait d’une Islande qui se bat, tombe et espère.

Ce deuxième volet du diptyque peut se lire indépendamment du premier. On y retrouve Ari, personnage principal revenu dans la ville de son enfance, Keflavik, ville portuaire et ancienne base militaire américaine. Il vient voir son père mourant qu’il n’a pas vu depuis de longues années. À travers une narration parfaitement maîtrisée, l’auteur change à chaque chapitre d’époque, de point de vue et de lieu. Le lecteur avance alors à tâtons, découvrant petit à petit le passé de tous les personnages qui gravitent ou ont gravité autour d’Ari : le grand-père marin qui gifla un jour son fils, cette jeune fille si belle dans son atelier qui n’est pas ce qu’elle semble être, la grand-mère rendue folle par l’absence de liberté… On découvre aussi des pages magnifiques sur l’attente maternelle le premier jour de sortie en mer d’un fils plus poète que marin, sur l’amour qui surprend, que l’on partage ou non. Et puis cette langue, si caractéristique de Stefánsson, si pure et si sombre, qui rend à l’Islande sa place dans l’univers. Vous ressortirez votre crayon pour souligner des passages tels que : « Celui qui lit tellement de poésie qu’il en vient à imaginer qu’il peut nager jusqu’à la lune doit pouvoir vivre plus longtemps, le monde ne saurait se passer de ce genre de personnes ».