Polar

True crime à la française

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✒ Valérie Barbe

(Librairie Au brouillon de culture Caen)

Après les ouvrages publiés avec le magazine Society sur des crimes qui ont bouleversé les États-Unis, les éditions 10/18 continuent le voyage au pays du fait divers en publiant deux volumes autour « d'affaires » françaises. Une nouvelle série, toujours d'une grande qualité, écrite en collaboration avec Libération.

En ce moment, l'enquête criminelle a les faveurs du public. Phénomènes de librairie, les récits de médecins légistes attisent la curiosité de lecteurs de tous âges. C'est sans doute ce qui explique le succès de la collection « True crimes » de 10/18 qui dissèque, depuis 2023, les grandes affaires américaines et explore les raisons des crimes commis aux quatre coins des États-Unis. Aujourd'hui, c'est sur le territoire français que 10/18 nous invite. Deux nouveaux titres inaugurent cette série française, dans une collection qui a, d'ores et déjà, gagné l'intérêt des lecteurs. Leurs auteurs, journalistes à Libération, viennent explorer deux affaires criminelles retentissantes avec, toujours, le souci du récit et du style : une manière d'élargir la focale tout en gardant une ligne éditoriale cohérente. La charte graphique, voisine de la série américaine mais bien identifiée, montre l’ambition de présenter ces différents faits divers à travers leurs caractéristiques sociologiques et criminelles. Le premier titre, La Disparue du cinéma de Guillaume Tion, explore une affaire troublante qui avait secoué Strasbourg en 1995, celle de Carole Prin, jeune femme enceinte disparue juste avant son accouchement. Plusieurs mois seront nécessaires pour résoudre le mystère et l'enquête mettra au jour la personnalité très particulière de son compagnon. Le second volume se penche sur une enquête bien différente, celle de l'affaire Dunand. Un dossier terrible, immonde, subtilement présenté et analysé par Sabrina Champenois qui ouvre des questionnements à la fois sur la monstruosité et sur la succession troublante de crimes odieux dans une même région : des victimes ayant sensiblement le même profil (des jeunes femmes en lien avec la DDASS), des mobiles similaires ou en tout cas convergents, un mépris des femmes tout aussi sordide et un territoire, l'Yonne. Une affaire particulièrement singulière dont les détails de l'enquête ont laissé une impression de sabotage. On l'aura compris, la vertu de ces collections, américaine comme française, est avant tout d'étudier des affaires criminelles replacées dans leurs contextes, d’en explorer chacune des dimensions, au travers d'un travail journalistique de qualité, allié à un souci d'écriture. À noter qu'un autre titre « américain » viendra en juin compléter la série. Pour les amateurs de polars, bien entendu, mais pas que.